Avec les parfums, les lunettes étaient traditionnellement le produit griffé le plus accessible. Les marques de luxe séduisent ainsi de nouvelles clientes, à qui elles espèrent pouvoir vendre maroquinerie ou prêt-à -porter plus onéreux. Mais les prix des lunettes solaires subissent à leur tour une inflation vertigineuse. Cette activité génère de très confortables royalties (pourcentage du chiffre d'affaires) pour les marques, qui se contentent en échange de prêter leur nom à l'un des industriels spécialisés, Luxottica, Safilo, Marcolin en Italie, ou L'Amy en France. Explications du président de Safilo.
Les lunettes sont-elles le dernier accessoire indispensable à l'industrie de la mode ?
Jusqu'aux années 1980, le métier de l'optique était encore exclusivement une affaire médicale. On a alors débuté une collaboration avec de grandes maisons comme Gucci, Dior, Gianfranco Ferré, etc. Et l'activité s'est peu à peu déplacée vers la mode et le sport. L'oeil est non seulement l'organe le plus délicat et le plus sophistiqué du corps humain, qui doit donc être protégé du soleil, c'est aussi le premier contact que vous avez avec quelqu'un. Quand je suis devenu en 1993 président de l'entreprise fondée par mon père en 1934, les lunettes solaires pesaient moins de 10 % de notre chiffre d'affaires. Aujourd'hui, c'est 60 %. Tandis que l'optique stagne, les solaires se développent toujours de plus de 10 % par an après dix ans de croissance formidable.
Comment justifier l'augmentation considérable des prix des lunettes de mode, jusqu'à 200 ou 300 euros la paire ?
Le montant des royalties que nous reversons aux marques, ne cesse d'augmenter. Au départ, c'était 3 ou 4 % du chiffre d'affaires. Maintenant, c'est plus de 10 %. Et puis, la mode nous impose de consacrer des budgets plus importants à la communication et à la publicité. Mais combien coûtent des chaussures Christian Dior ou Tod's ? Vous ne pensez pas qu'il y a plus de recherche et développement dans une paire de lunettes que dans une paire de chaussures ?
D'Italie, la production a pourtant tendance à être délocalisée en Asie...
Nous ne fabriquons en Asie que les petites collections, surtout pour des marques américaines comme Jennifer Lopez, Liz Claiborne, Juicy Couture, pour des lunettes vendues entre 50 et 80 dollars. Mais tous les grands noms de la mode restent fabriqués en Italie.
Vous vous battez avec votre concurrent Luxottica pour acquérir de nouvelles licences de marques. Quelles sont vos prochaines cibles ?
Ils nous ont pris Ralph Lauren, nous avons gagné Armani, Valentino, Yves Saint Laurent. Nous lançons maintenant Balenciaga, Banana Republic aux États-Unis et, début 2008, Jimmy Choo. Hermès est la seule marque à ne pas vouloir faire de lunettes. Je le leur ai proposé plusieurs fois, mais ils résistent toujours !
Pour plus d'information :
. Source:
www.LeFigaro.fr
.
www.Safilo.com
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